Tard dans un soir d'automne, deux amis se la coulaient douce sur la terrasse à l'arrière de l'auberge du Navet fainéant. À leurs pieds dormait la petite ville champêtre de Micolline. Le fond de l'air nocturne était frais. Une brume légère avait commencé à déposer un voile de rosée sur les vertes collines galbées en contrebas, et l'ombre de la flèche du grenier Impérial se détachait sur le firmament qui les dominait.
Ri, son vieil ami qui était à moitié allongé, son chapeau de paille sur les yeux, en releva le bord pour regarder son ami. « Tu es sérieux ? » demanda-t-il, une lueur insistante brillant dans ses yeux marron.
« On voit l'âme d'une personne dans ses yeux », finit par répondre le vieux Ri. « Son essence : le coeur de son être, pensées, amour et émotions. C'est notre âme qui nous rend vivants. »
« Ces silhouettes là-bas, chacune possède une âme », continua le vieux Ri. « Et ensemble, nous partageons cet espace. Des millions d'âmes, toutes au même endroit. Notre terre ! Micolline est réelle, tant que toi et moi sommes ici pour en profiter. » Satisfait, le vieux Ri s'assit et fit signe à l'aubergiste de lui apporter un autre verre.
Le vieux Ri baissa son chapeau sur ses yeux et répondit par un chaleureux grognement d'assentiment.